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Rencontre avec Paul Personne : Salon de la musique 2001

On l'avait annoncé sur la scène du stand Label Guitare le premier soir du salon de la musique 2001 (vendredi 30 mars). C'est un Paul Personne d'une humilité toujours impressionnante qui est venu, a pris une guitare modèle Cadette DNG et a fait un bœuf avec Amar Sundy.

Laguitare.com :
On sait que tu est très Gibson, et aujourd'hui on t'a retrouvé sur le stand Label Guitare, avec une DNG dans les mains. Quelle est ta position vis-à_vis des luthiers français ?

Paul Personne:
D'abord, les luthiers c'est vraiment des gens que je respecte au plus profond de moi même. Luthier c'est peut être un boulot que j'aurais aimé faire, avec mon côté introverti… J'ai toujours aimé le bois, la menuiserie, ce genre de choses. Moi même je démonte assez facilement mes grattes pour essayer d'autres micros, des choses comme ça. J'aime bien passer du temps avec les luthiers. Je me rappelle une époque où j'allais souvent voir les frère Jacobacci, ils me racontaient des tas d'histoires et je me mettais dans un coin pour les regarder bosser, c'était vraiment agréable. Aujourd'hui, je suis venu pour les mecs de DNG parce qu'ils ont monté cette association, Label Guitare. C'est bien de pouvoir donner en France des prestations de luthier de qualité parce que lorsque ta gratte a un problème, ou qu'elle ne sonne pas comme tu as envie, c'est bien si ton problème est résolu tout de suite. On n'a pas forcément les moyens d'en racheter une autre. Tu peux être attaché à une guitare sans avoir envie de la jeter ou de la revendre. En ce qui concerne ce que tu disais par rapport à certaines marques qui sont des anciennes marques…
on m'a mis parfois dans les mains des guitares de luthier, acoustiques, électriques et je trouve qu'il y a des mecs qui bossent vraiment bien, qui font des super trucs. Des fois tu as une guitare faite par un luthier qui va sonner au moins aussi bien si ce n'est mieux qu'une guitare de grande marque… Pourquoi aller chercher la vieille Gibson, la vieille Martin… C'est vrai que j'ai été élevé dans les années 60', avec ces sons. Du côté guitare je suis assez touché par les Strato, Telecaster chez Fender et 335 et Les Paul chez Gibson. Côté acoustique j'ai une vielle J 45 de 49', c'est une guitare que j'aime vraiment car au départ c'est une guitare humble qui ne valait pas très chère, qui sonne vraiment "roots". J'ai une Martin qui fait vraiment partie de cette culture avec Neil Young, James Taylor… Au bout d'un moment tu as ce qu'il faut et tu n'as pas envie d'aller fouiner autre part. Mais je ne suis pas du tout conservateur par rapport à certaines choses… si un jour un luthier me met dans les mains une gratte d'enfer je vais me mettre à jouer dessus parce qu'elle me plaira peut être plus que les autres. Je n'ai donc pas d'a priori par rapport à ça mais c'est vrai que quand tu as une bonne Les Paul qui sonne comme tu le souhaites tu n'as pas envie d'aller chercher autre. Tout le monde cherche la guitare idéale qui sonne entre une Fender et une Gibson comme a pu faire Paul Red Smith qui fait des belles et bonnes guitares.. Tout le monde a envie de faire construire sa guitare sur mesure avec le manche comme ci, le micro comme ça… j'ai déjà pensé à ce genre de chose. Mais ça me passe.. peut-être qu'un jour je me ferai construire une gratte..


LG :
C'était ma question suivante…te demander si tu as une guitare de luthier.

PP:
Je m'étais fait faire il y a longtemps une guitare par Jacobacci. C'était une demie caisse. A l'époque je jouais pas mal sur la 335 et sur une Gretsch 6120. Un jour j'avais vu les frères Jaco qui faisaient une gratte qui était un peu plus petite mais qui était demie-caisse. C'était presque comme une guitare George Benson. De là j'ai essayé de mettre plein de micros dessus et j'ai fini avec des P 90. La guitare est très bien. C'est une guitare que j'ai donnée à un pote qui n'en avait pas. Il en est hyper content. Les frères Jaco faisaient de très belles guitares. J'ai joué tout à l'heure sur une guitare DNG que j'ai pris comme ça au hasard et la guitare était vraiment très agréable à jouer…donc il n'y a pas de problème.


salon de la musique 2001

LG :
Laguitare.com est un site web, je sais qu'en 1994 tu disais ne rien connaître aux ordinateurs, tu avais travaillé sur un CD interactif, ancêtre du CD rom. Aujourd'hui y-a-t-il plus de multimédia qu'en 1994 dans ta vie ?

PP:
Pas vraiment (rires) … en fin de compte il y a des trucs dont je me fous un peu, c'est à dire, je n'ai jamais été très "gadget" ou ce genre de choses. J'ai des potes qui ont Internet et qui m'ont montré comment ça marchait. C'est un outil qui peut être vraiment très pratique. En 1994, les ordinateurs ne m'intéressaient pas. C'est comme les amplis. J'aime utiliser des amplis hyper simples. Des Vox, des Fender, des Marshall basiques où tu mets ta gratte dedans, tu tournes un volume. Tu as un grave, un aigu, éventuellement un middle, un petit bouton de reverb'. Dès qu'il faut avoir canal clean, canal saturé.. c'est un truc qui ne m'intéresse pas. C'est pour ça que chez moi je n'ai pas d'ordinateur pour faire de la musique. J'ai un petit 4 pistes numérique et ça me va très bien comme ça pour mettre à plat des idées. Je suis peut-être un peu préhistorique mais ma vie va bien comme ça. Je vais peut-être tirer plus de plaisir à aller me balader dans les bois, ou parler avec un pote, ou aller boire un coup dans un bar avec un copain ou faire le lézard au soleil plutôt que de lire un mode d'emploi… C'est mon truc et je ne me sens pas du tout en dessous de quoi que ce soit. On est dans l'an 2000, "2001 Odyssée de l'Espace"... mais je vis au milieu de tout ça. Peut être qu'un jour je prendrai Internet mais je pense que si je le fais c'est que j'y trouve vraiment mon compte. Ca ne m'intéresse pas de l'avoir chez moi juste pour avoir un gadget ou m'amuser de temps en temps. En plus je ne suis pas trop "télé", écrans, ça me fatigue vite…


LG :
Si on parle de tes projets.. Tu disais, "je prends mon temps" et tu as fait beaucoup d'albums avec promo, tournée, enchaînées.. finalement tu n'as pas vraiment pris ton temps, tu as pas mal travaillé ces dernières années…

PP :
En fait je laisse venir. Je ne me sens pas obligé de sortir un album. Je n'ai aucune pression ni de la part de la maison de disques ni de moi, personnellement. Je laisse le temps faire. Je ne me lève pas le matin en disant "il faut que je trouve une chanson", "il faut que je fasse un album", "que je rentre en studio"… Si je n'ai rien à dire, je la ferme et je ne dis rien. J'attends d'avoir un son dans la tête qui commence à germer tout doucement. Un ensemble de musiques qui me motivent. Que la passion, la flamme soient là. Entre temps je m'amuse… je vais écouter des mecs jouer, je vais voir des concerts, je joue de la guitare chez moi, je vais taper le bœuf avec des copains. Et je laisse le temps faire le reste. Je pense que c'est un privilège, un luxe que je peux peut-être avoir mais c'est vrai qu'il y a des époques dans ta vie où tu fais album-promo-tournée- album-promo-tournée.. et c'est bien. Quand tu le sens comme ça il faut le faire, il faut vraiment battre le fer pendant qu'il est chaud. Si à un moment donné tu es un peu crevé, un peu épuisé, il ne faut pas te sentir obligé de repartir sur la route, quand tu peux te le permettre. Quand tu ne peux pas, faut y aller, pour ramener des sous à la maison, pour payer le loyer et à bouffer. Mais comme je peux… J'ai le privilège de prendre un peu de temps donc je ne me tracasse pas avec ça. Ca vient quand ça vient. J'ai des tas d'idées. Par moments j'ai envie de monter un groupe de blues pour tourner dans les clubs, parfois de faire un disque de reprises… En fin de compte il y a des moment je le fais, je ne le fais pas, je le commence, je ne le finis pas. C'est que le projet n'est pas complètement mur ou que l'envie est vite passée. Quand l'envie ne passe pas, que j'ai vraiment le besoin de rentrer en studio parce que je le sens, parce que j'ai une bonne vingtaine de chansons que j'aimerais enregistrer et jouer sur scène pour des gens, à ce moment là cela va très vite et je me presse. Il faut vite que je trouve un studio, une équipe…


LG :
Avant le dernier album (patchwork électrique) tu t'es retrouvé avec de quoi faire un double album…

PP :
Avant patchwork électrique j'avais plus d'une cinquantaine de chansons, donc je pouvais faire un disque "country-coucher de soleil", pas "country cow boy" mais le côté que j'aime bien, James Taylor, Neil Young… Je pouvais aussi faire un disque très hard-blues et un disque un peu expérimental… J'en ai parlé à la maison de disques, ils ont rigolé mais je m'y attendais…parce que c'est déjà assez dur de promotionner un album… Ils m'ont fait comprendre que si je sortais trois albums en même temps, je me coupais l'herbe sous les pieds moi même… Ou alors il faut faire un système où tu sors un triple album avec trois albums différents mais je crois que la maison de disques ne voulait pas prendre cette responsabilité… surtout que ce n'est déjà pas facile en France de vendre des disques… Donc, j'ai mélangé quelques petites chansons "cool" avec quelques chansons "rentre-dedans"…j'ai fait comme d'habitude.


LG :
alors, on attend la suite.. Paul, merci à toi .

Julien Chosalland
Retrouvez cette interview sur www.laguitare.com
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